Certes, les motifs d’inquiétude sont nombreux. Mais vivre dans l’angoisse use l’organisme. Relaxation, yoga, thérapies… Quelles solutions autres que médicamenteuses pour calmer le corps et l’esprit ?
Faites le test. Au cours du week-end, vous n’arrivez pas à déconnecter, vous vous sentez sous tension, vous dormez mal ? Visiblement, vous avez atteint la cote d’alerte. « Si le stress est permanent et que vous n’êtes jamais en repos, il devient délétère », explique le Pr Antoine Pelissolo, chef du service de psychiatrie à l’hôpital Henri-Mondor de Créteil.
Trop souvent, cette pression est vécue comme une fatalité. Une idée fausse ! « Chaque personne peut prendre conscience des effets négatifs du stress et s’imposer une nouvelle hygiène de vie. Même si ce n’est pas toujours simple », admet le Pr Pelissolo.
Les effets du stress sur la santé
Sur le long terme, la tension nerveuse use l’organisme. Comme une corde trop tendue, il ne peut pas résister éternellement. Une fois sur deux, une dépression survient après une période de stress prolongé.
Quand on est sous pression, on a tendance à négliger son alimentation. « Certaines personnes mangent trop, d’autres au contraire ont l’appétit coupé. Cela peut engendrer des problèmes métaboliques, avec une prise de poids dans certains cas et un risque d’aggravation des maladies cardiovasculaires », observe le psychiatre.
Enfin, l’anxiété pousse à rechercher dans l’alcool ou les drogues un effet calmant ou euphorisant. À la longue, le risque de dépendance est réel. Il l’est également avec les anxiolytiques (Xanax, Lexomil, Tranxène…). Selon la Haute autorité de santé (HAS), sept millions de personnes y ont eu recours en 2014, dont 16 % pendant plusieurs années.
« Ces médicaments peuvent aider à passer un cap difficile. Mais ils doivent être utilisés avec prudence et jamais plus de quelques jours », insiste le Pr Pelissolo.
La HAS recommande de se limiter à huit à douze semaines de traitement. Au-delà, les risques l’emportent sur les bénéfices.
La relaxation et le yoga, deux excellents antistress
Il est possible d’agir sur différents paramètres : le corps, les pensées négatives et le comportement.
« Au niveau corporel, tout passe par la relaxation, le repos et l’activité physique », explique le Pr Pelissolo. Avec un point commun : la respiration. « Respirer autrement est un des meilleurs moyens d’abaisser les tensions et la nervosité », poursuit-il.
En ce sens, le sport, qui mobilise le souffle et la force musculaire, est un excellent antistress, de même que le yoga. Publiées en juillet 2015, deux études montrent ainsi que le yoga atténue les symptômes de dépression (Journal of Physical Activity and Health) et qu’une pratique régulière agit sur les hormones liées au stress : elle réduit le taux d’adrénaline et augmente la sérotonine (Journal of Alternative and Complementary Medicine).
Avoir recours aux thérapies cognitivocomportementales et méditer
Pour combattre les pensées négatives, on peut avoir recours aux thérapies cognitivocomportementales (s’informer sur lesite de l’association française de thérapie cognitive et départementale). Ces techniques permettent de maîtriser le flux et de penser autrement.
La méditation connaît aussi un véritable engouement. Il est démontré qu’elle évite le recours aux antidépresseurs et la rechute en cas de dépression. Comme le yoga, elle agirait sur des marqueurs biologiques du stress. « Ces résultats sont à prendre avec précaution, mais sont néanmoins rassurants », observe le Pr Pelissolo. Pour les débutants, l’idéal est de suivre un programme de 8 semaines, sous la supervision d’un professionnel (consulter le site de l’association pour le développement de la mindfulness).
Enfin, pour chasser à long terme le stress et l’anxiété, il va falloir “changer de logiciel”, selon l’expression du psychiatre : modifier son emploi du temps pour y insérer des périodes de repos et d’activité physique.
Trois conseils de pro pour lutter contre le stress
« Le stress nous fait perdre des années de vie en bonne santé. » Pour l’affirmer, le Dr Frédéric Saldmann invoque le raccourcissement des télomères. Ces brins d’ADN sont situés à l’extrémité des chromosomes. Des études récentes ont démontré qu’ils étaient plus courts chez les personnes dépressives, un signe de vieillissement accéléré. Ses astuces pour contrer ce phénomène.
- Se gratter la cheville. Ce geste stimule les circuits cérébraux du plaisir, plus efficacement que se gratter le dos. Des examens d’imagerie le montrent. « L’effet décontractant est immédiat », assure notre spécialiste.
- Le bol, un geste d’urgence. Lorsque l’angoisse monte, placez vos mains en forme de bol devant votre nez et votre bouche. Respirez ainsi pendant une à deux minutes. Le gaz carbonique inhalé va modifier certains équilibres chimiques. Le calme revient rapidement.
- Soigner son rhume. Des rapports sexuels réguliers contribuent au bien-être. On sait moins qu’un nez bouché a un impact négatif sur la libido. L’explication du Dr Saldmann : « Il existe un lien direct entre l’olfaction et le désir sexuel. Si vous avez le nez bouché, vous aurez moins de désir. ». CQFD !
Source: Santé Magazine