Quand emmener mon enfant consulter un psy ?

Difficultés scolaires, problèmes familiaux… Face aux angoisses et aux changements de comportement de leur enfant, certains parents envisagent un accompagnement chez un thérapeute. Quels signes doivent alerter ? Quel spécialiste choisir ?

Dans la plupart des cas, ce sont d’abord les manifestations physiques ou les changements brutaux de comportements qui incitent les parents à accompagner leurs enfants chez un psychologue ou un pédopsychiatre. « Tout ce qui suscite de l’inquiétude chez les parents ou l’entourage, ou qui altère le bon équilibre de l’enfant (troubles de l’alimentation, du sommeil, du langage, difficultés scolaires, énurésie…) est une raison pour aller en parler à un spécialiste dès lors que cela persiste« , confirme la psychologue Elise Dell’Amore. Plus précisément, si votre enfant dort très peu la nuit, qu’il fait beaucoup de cauchemars ou qu’il refuse d’aller se coucher, interrogez son pédiatre ou son médecin traitant qui pourra alors vous orienter vers un thérapeute si le problème subsiste. S’il mange très peu, mais que sa courbe de poids ne chute pas, inutile de consulter immédiatement : votre enfant peut avoir un tout petit appétit. En revanche, « s’il refuse complètement de s’alimenter ou s’il régurgite quand on le force à manger, parlez-en à un médecin généraliste qui éliminera les éventuelles problèmes digestifs avant de diagnostiquer une potentielle souffrance psychologique« , conseille la spécialiste, avant d’ajouter que « les maux de ventre ou de tête à répétition peuvent également avoir une cause psychique« . Par ailleurs, Elise Dell’Amore met particulièrement en garde sur un éventuel comportement bizarre en milieu scolaire : « souvent, c’est l’école qui tire la sonnette d’alarme et qui informe les parents d’un changement brutal d’attitude« , précise-t-elle. Si l’enfant se montre souvent violent envers ses camarades ou au contraire, s’isole et fait part de moqueries de la part des autres élèves, le recours à un spécialiste reste indispensable. Aussi, les problèmes liés à l’adolescence (mauvaise adaptation à l’école, anorexie, boulimie ou toxicomanie…) sont souvent liés à un mal-être et nécessitent une aide extérieure. Enfin, un événement vécu comme un traumatisme chez l’enfant (divorce, perte d’un proche, accident de voiture…) peut aussi être motif à consulter car cela peut cacher une souffrance plus profonde. Dans tous les cas, avant de contacter un thérapeute, soyez à l’écoute de votre enfant. Parfois, le simple fait d’échanger sur ce qui ne va pas est suffisant pour venir à bout d’une situation délicate. Les parents doivent être vigilant et peuvent bien entendu demander l’avis d’un professionnel, mais « inutile de s’inquiéter à la moindre agitation ou à la moindre irritabilité« , rassure la psychologue.

Vers quel spécialiste se tourner ?

« Tout dépend des besoins de l’enfant et des attentes des parents« , explique la spécialiste. « Si la famille souhaite la prescription de médicaments ou de bilans complémentaires (orthophonie, rééducation…), elle peut se diriger vers un pédopsychiatre (remboursé par l’Assurance maladie totalement ou partiellement selon le secteur) qui a une formation médicale et qui est habilité à administrer un traitement médical« . Si elle souhaite offrir un espace de parole et d’écoute à leur enfant, mieux vaut se tourner vers un psychologue (gratuit dans les structures publiques ou associatives) qui, lui a fait des études en sciences humaines et peut également être spécialisé dans la psychologie du développement, les problèmes familiaux, les addictions… Pour traiter le problème en profondeur et apporter un autre éclairage, les deux spécialistes peuvent recourir à une thérapie comportementale et cognitive, une thérapie courte très efficace pour soigner les phobies ou les troubles obsessionnels par exemple. L’avis du médecin généraliste ou du pédiatre de la famille sont de bons indicateurs et permettent d’orienter les parents vers le thérapeute adapté. Enfin, n’hésitez pas à vous adresser aux interlocuteurs scolaires (infirmières, assistantes sociales de l’école) qui peuvent vous diriger vers un CMP (Centres Médicaux Psycho-Pédagogiques) regroupant différents spécialistes (psychologue, pédo-psychiatres, orthophonistes…).

Comment se déroule une séance pour enfant ?

Contrairement à une thérapie pour adultes, « on peut être en prise directe avec l’inconscient de l’enfant qui présente beaucoup moins de mécanismes de défense qu’un adulte« , explique la psychologue. Là où l’adulte est plus dans le contrôle et la maîtrise de soi, l’enfant parle plus naturellement de ses angoisses, de ses inquiétudes ou de ses rêves. Aussi, les techniques d’approche et les outils de médiation ne sont pas les mêmes selon l’âge de l’enfant. Il peut être invité à matérialiser des situations qu’il connaît par le biais de dessins ou de créations en pâte à modeler. Et ce qu’il réalise révèle souvent des angoisses ou des souffrances sous-jacentes, permettant au thérapeute de mieux le comprendre. Mais bien entendu, pour qu’une thérapie soit bénéfique pour l’enfant, il faut réunir certaines conditions. Elise Dell’Amore en recense trois : l’enfant doit avoir conscience que quelque chose pose problème, il doit être d’accord pour en parler et avoir confiance en son interlocuteur puis, il doit s’inscrire dans un rythme (des séances régulières sont nécessaires pour faire évoluer la souffrance de l’enfant). Si l’enfant est hostile à aller voir un spécialiste, c’est que ces conditions ne sont pas toutes réunies. Peut-être n’est-il pas prêt à venir en parler ou n’en ressent-il pas le besoin ? Un travail avec le parent en demande peut alors être envisagé. « Lorsqu’on me sollicite pour effectuer un travail avec un enfant de moins de 15 ans, je rencontre systématiquement le parent qui demande de l’aide, seul et avant de m’entretenir avec l’enfant« , précise la psychologue. Pourquoi ? Afin de comprendre qui souffre le plus et ainsi mettre en place un travail propice à un mieux-être au sein de la famille. « Rien qu’en écoutant les ressentis, les impressions et les attentes du parent inquiet, on remarque des effets bénéfiques sur l’enfant et ce, sans que je le rencontre« , explique-t-elle, « le parent commence ainsi à se remettre en question et à comprendre de façon plus élargie le problème de son enfant« .

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Comment le préparer à sa première visite ?

Commencez par lui demander s’il a envie de partager ses souffrances ou ce qui pèse sur son quotidien à un professionnel de l’écoute. Puis, « il est important de préciser que c’est pour son bien et que ce n’est absolument pas une sanction ou une punition« , insiste Elise Dell’Amore. Précisez également que tout ce qu’il dira dans le cabinet du psy restera secret et que le spécialiste est une personne qui ne le jugera pas. S’il témoigne d’une inquiétude ou vous demande combien de temps cela va durer, rassurez-le. Expliquez-lui que la thérapie s’arrête lorsqu’il estime que ses inquiétudes se sont débloquées. Même si souvent, la prise en charge s’interrompt « d’un commun accord, quand la situation de départ s’est améliorée et qu’elle est devenue plus supportable pour les parents et l’enfant« . Faire appel à un psy pour son enfant n’induit pas forcément un nombre élevé de séances. Toutefois, si l’enfant a envie de poursuivre le travail et que d’autres séances sont nécessaires, soyez à son écoute et n’arrêtez pas la prise en charge, même si vous remarquez déjà des résultats positifs.

A quel âge peut-il consulter ? Bien qu’il n’y ait pas d’âge minimum pour consulter un psy, la prise en charge semble un peu plus difficile lorsque l’enfant n’a pas accès à la parole. Pour autant, il peut s’exprimer par d’autres moyens, comme le dessin ou la pâte à modeler. L’idéal, c’est que l’enfant puisse venir seul dans le cabinet. « S’il est collé à son parent, le travail ne sera pas aussi efficace que s’il est capable de s’autonomiser par lui-même« , précise la psychologue, « toutefois, à chaque étape de sa vie, que ce soit des troubles fonctionnels entre 0 et 2 ans, un retard de langage à 4 ans ou un premier chagrin d’amour à l’adolescence, l’enfant peut avoir besoin d’un soutien psychologique supplémentaire : c’est alors qu’un thérapeute pourra l’aider à franchir d’éventuelles difficultés« , conclut-elle.
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