On en connait toutes… Des femmes qui tombent enceinte au moindre oubli de pilule. Si certaines femmes sont plus fertiles que d’autres, peut-on pour autant parler d’hyperfertilité ? On fait le point.
A 27 ans, Mélanie a déjà subi sept avortements. Elle se définit comme hyperfertile : au moindre oubli de pilule, elle est enceinte, et même sous contraception, le test de grossesse peut se révéler positif.
« J’ai dû oublier une ou deux fois la pilule, c’est tout, affirme-t-elle. À chaque fois j’explique mon cas au médecin qui me reçoit, mais il ne me croit pas. Je voudrais un moyen de contraception plus fort, j’ai même pensé à me faire ligaturer les trompes », insiste cette jeune mère de trois enfants. Mélanie n’est pas une exception. Certaines femmes sont en effet plus fertiles que d’autres, en souffrent et ne se sentent pas entendues.
Définition : l’hyperfertilité, une notion sans fondement médical, chez la femme ou l’homme
Alors que la médecine se penche exclusivement sur les femmes qui n’arrivent pas à tomber enceintes, l’excès inverse n’est lui absolument pas étudié, voire nié.
« Cette notion n’a aucun fondement scientifique, assure Joëlle Belaish-Allart, gynécologue et présidente du Collège des gynécologues obstétriciens français. La plupart du temps, la grossesse survient à la suite d’une erreur de contraception. La patiente oublie de prendre sa pilule mais elle ne s’en souvient pas. »
Il est vrai que les méthodes contraceptives affichent un taux d’efficacité difficilement contestable. La pilule est par exemple fiable à 99 %, il est donc possible de tomber enceinte en la prenant, même si le risque est vraiment très limité. Mais si on l’oublie plusieurs fois par mois, il l’est alors beaucoup moins.
Le stérilet en revanche n’exclut pas une grossesse extra-utérine, puisque celle-ci se développe en dehors de l’utérus, en général dans une trompe. Quant aux méthodes « naturelles » de contraception, telles que le retrait ou l’abstinence périodique, nul besoin de rappeler qu’elles sont beaucoup moins sûres.
Comment savoir si une femme ou un homme est juste fertile ou hyperfertile ?
Le paramètre le plus objectif pour déterminer la fertilité d’un couple est le « délai à concevoir », soit le temps qui s’écoule entre l’arrêt de la contraception et la grossesse. Il est en moyenne de quatre mois (25 % de chances par cycle menstruel).
« Une femme a des cycles réguliers et ovule chaque mois, insiste Christine Vahdat, gynécologue obstétricien. Elle n’est pas pour autant hyperfertile. Sinon cela reviendrait à dire qu’être enceinte facilement est pathologique. »
Comment savoir si on est plus fertile que la moyenne ?
Plus une femme est jeune, plus elle a de chances d’être enceinte rapidement. La fertilité décline progressivement dès l’âge de 35 ans (12 % de chances par cycle), puis beaucoup plus rapidement vers 40 ans. Des anomalies au niveau de l’utérus ou des trompes peuvent compromettre la grossesse.
La dimension psychologique joue également. Le cerveau commande le déroulement de l’ovulation par le biais de l’hypophyse. La fatigue, le stress, un choc psychologique sont autant d’éléments susceptibles de perturber les cycles.