Il devient parfois difficile, voire pesant, d’aller travailler. La raison ? Un(e) collègue ou un(e) supérieur(e) toxique. Décryptage et conseils de Christine Lefin, psychiatre clinicienne.
Définir la toxicité
Il est avant tout nécessaire de définir la toxicité de l’autre, comment elle est perçue, explique Christine Lefin, psychiatre clinicienne à l’hôpital et en libéral. « Il est indispensable de définir ce qui est ressenti et considéré comme toxique. Est-ce que la personne qui ressent la toxicité est en souffrance ? En effet, lorsqu’on se sent vulnérable, on devient plus réceptif aux événements. De plus, s’il s’agit d’un lien de subordination (avec un supérieur) ou d’un lien latéral (avec un collègue), l’impact n’est pas la même. »
Evaluer la situation
Pour bien gérer la relation toxique, il est important d’avoir une vision d’ensemble de la situation. « Il faut faire la différence entre ce qui vient de soi et ce que l’autre nous fait subir », souligne la psychologue. Souvent, les gens qui souffrent se sont « perdus de vue ». « Ils ne fonctionnent que sous l’égide de l’autre, sont instrumentalisés. Il faut alors se démarquer pour éviter d’être sous le contrôle de l’autre. C’est vraiment important retrouver « son soi ». Dans le cas d’une relation toxique, il est facile de perdre sa personnalité. » Autre point important : savoir si la personne est seule concernée par ce type de relation pour éviter la solitude, le repli. Et ne pas hésiter à en discuter avec des collègues.
Mesurer les effets
Selon le degré et la nature de la toxicité, les effets sur le corps et le mental diffèrent. « La situation génère-t-elle du stress, une perte de sommeil, de l’irritabilité, le doute, l’anorexie/boulimie, une angoisse qui s’installe, une perte de confiance en soi et d’estime de soi ?, interroge Christine Lefin. Les effets psychologiques se retrouvent-ils sur le lieu de travail et aussi en dehors, à la maison, avec la sensation de tristesse et d’isolement ? »
Se libérer
Le but consiste à réussir à en parler, et aux bonnes personnes. « Il ne s’agit pas de réagir à chaud, ni à l’écrit ni à l’oral, ne pas être dans l’immédiateté. Si une personne instrumentalise l’autre, c’est dans le but de ne pas lui laisser la marge de penser et d’agir. Pour éviter le repli, discuter avec son conjoint, un ami, aide énormément. Si on ne dit rien, on retourne l’agressivité vers soi. »